La confiance, ciment de l'action publique
Pourquoi la parole publique doit aujourd'hui se prouver
La confiance, c'est le vrai capital de l'action publique. Celle qui permet à une décision d'être comprise, acceptée, appliquée. Mais ce capital s'érode. Parce qu'à force de discours, de promesses et d'informations contradictoires, la parole publique ne suffit plus. Elle doit désormais se prouver.
En France, la défiance atteint un niveau inédit. Selon le Baromètre de la confiance politique du CEVIPOF, 82 % des citoyens estiment que les responsables publics "ne se préoccupent pas d'eux" et 64 % considèrent que "la démocratie ne fonctionne pas bien". Autrement dit : sans preuve, le discours s'évapore.
Pourquoi la parole publique doit aujourd'hui se prouver
Il fut un temps où la parole d'un élu ou d'un haut fonctionnaire suffisait. Aujourd'hui, elle se vérifie. Chaque déclaration, chaque chiffre, chaque engagement est scruté, commenté, comparé en temps réel. Internet et les réseaux sociaux ont ouvert un espace où la parole publique ne flotte plus seule : elle circule, elle s'entrechoque, elle se confronte.
Le fact-checking permanent est devenu un réflexe collectif. Dans un monde saturé d'opinions, l'autorité ne se décrète plus, elle se démontre. Et le citoyen, mieux informé, ne se contente plus d'une phrase : il veut voir la source.
L'érosion de la crédibilité par la surcharge d'informations
L'information n'a jamais été aussi accessible… ni aussi confuse. Rapports, communiqués, tweets, données ouvertes, avis d'experts : le flux est continu. Mais ce flot génère une fatigue cognitive — ce que l'ANACT décrit comme une "infobésité qui réduit la lisibilité de l'action publique et érode la confiance".
Trop d'informations sans hiérarchie brouillent le message. Une même donnée peut être citée sous des angles différents, déformée ou mal comprise. Et dans ce brouillard, la parole institutionnelle perd sa clarté.
La traçabilité comme levier de confiance
Face à la défiance, la réponse n'est pas de parler plus, mais de montrer mieux. La traçabilité devient le pilier de la confiance. Elle consiste à rendre visible l'origine d'une décision : les sources, les chiffres, les avis consultés, les versions successives d'un texte.
De la citation à la vérification automatique des sources
Hier, on citait ses sources. Aujourd'hui, on les vérifie automatiquement. L'intelligence artificielle transforme déjà la façon dont l'administration peut prouver la fiabilité de ses documents.
Décisions traçables = institutions respectées
Une décision documentée est une décision solide. Quand un maire, un DGS ou un ministère explique d'où vient chaque donnée et pourquoi le choix a été fait, la contestation s'apaise. L'institution redevient lisible, humaine, intelligible.